Dansons, mes fillettes ______________________ Paroles de Georges Brassens Écrite à Basdorf en 1943 ou 1944. Ici sur la musique de "Le mouton de Panurge" C'était une école de fillettes Dans un tout, petit, petit bourg. La directrice était gentillette, Gentillette comme un grand amour. Et quand revenait le gai printemps, Pour égayer tout son petit monde, Elle lui faisait faire la ronde Faire la ronde, tout en lui chantant, Dansons, mes fillettes, dansons; Dansons, blondes ou brunettes, Dansons, dansons, mes fillettes. Et méfions-nous des garçons. Un jour, un étudiant en vacances, Qui s'ennuyait lamentablement, Vit ce spectacle et, comme on le pense, Le trouva divinement charmant. Le lendemain et les jours suivants, Il voulut assister à la ronde De ce petit, tout petit monde Petit monde qui allait chantant, Dansons, mes fillettes, dansons; Dansons, blondes ou brunettes, Dansons, dansons, mes fillettes. Et méfions-nous des garçons. Et comme il fallait s'y attendre, Il ne tarda pas à devenir Amoureux fou des jolis yeux tendres, À n'en pas pouvoir se retenir. Et un certain soir, le cœur battant, À l'heure où elle quittait l'école, Il la suivit pas à pas, le drôle, La suivit tout en lui chantant ; Dansons, mes fillettes, dansons; Dansons, blondes ou brunettes, Dansons, dansons, mes fillettes. Et méfions-nous des garçons. Comme elle était une sage fille, Avec courage, elle refusa De se livrer aux plaisanteries Que ce garnement lui proposa. Elle résista très dignement, Mais après une héroïque lutte, Elle se rendit en criant: « Flûte! Flûte , l’amour n'a qu'un temps! » Dansons, mes fillettes, dansons; Dansons, blondes ou brunettes, Dansons, dansons, mes fillettes. Et méfions-nous des garçons. Et c'est dans la salle de musique Qu'ils firent pendant plus de deux mois La culture morale et physique Qui procure de si doux émois. Il est certain que depuis longtemps La délicate nature humaine N'en avait dans ce troublant domaine N'en avait réalisé tant. Dansons, mes fillettes, dansons; Dansons, blondes ou brunettes, Dansons, dansons, mes fillettes. Et méfions-nous des garçons. Hélas! Le destin a ses caprices. L'étudiant dut rentrer à Paris Et quitter la belle directrice, Les yeux tristes et le cœur meurtri. Mais il paraît que longtemps, longtemps, Lui sur son banc, elle sur sa chaise, À travers le rêve ils évoquèrent Évoquèrent leur amour d'antan, À travers le rêve ils évoquèrent Évoquèrent leur amour d'antan.